Laurence Equilbey : Nous avons programmé deux événements qui nous permettront spécifiquement de célébrer cet anniversaire. Tout d’abord, en ouverture de saison, une soirée à laquelle participera le grand pianiste Lucas Debargue, qui collabore avec nous pour la deuxième fois et qui interprètera à cette occasion le Concerto n° 1 de Chopin ; en deuxième partie, nous poursuivrons notre projet Schumann : après avoir joué la Symphonie n° 1, nous nous attelons désormais à la 4e – car elle est en réalité sa deuxième. À la fin de la saison, nous lancerons un nouveau festival baptisé Seine de Fête, dont la première édition sera dédiée à Bizet, puisque 2025 marquera les 150 ans de sa mort. Nous mêlerons ses Danses bohémiennes et les Suites n° 1 de l’Arlésienne et de Carmen avec la Fantaisie pour violoncelle de Massenet, ainsi que l’Andante cantabile de Théodore Dubois sous l’archet de Victor Julien-Laferrière, en collaboration avec la fondation Bru Zane.
L.E. : Nous proposons régulièrement des productions scéniques, notamment pour ouvrir nos portes aux plus jeunes, comme c’était le cas avec Beethoven Wars, qui est ancré dans l’univers du manga. Au printemps 2025, nous présenterons, à La Seine Musicale puis au Musikverein de Vienne, un magnifique oratorio profane inspiré d’un conte perse : Le Paradis et la Péri de Schumann. Il sera mis en scène par deux autrichiennes : la metteuse en scène Daniela Kerck et la vidéaste Astrid Steiner, qui travaillent dans un univers visuel totalement renouvelé, très adapté à cette œuvre qui touche au merveilleux et au spirituel. Le rôle de la Péri sera chanté par une soprano que nous aimons beaucoup et que nous suivons depuis un moment : Johanni van Oostrum. Puis, hors les murs, à l’Opéra-Comique, nous montons la Médée de Cherubini avec Joyce El-Khoury dans le rôle-titre et le chœur accentus. Je suis ravie de cette production mise en scène par Marie-Eve Signeyrole, car l’œuvre retrouvera sa version originale en français avec ses très beaux dialogues en alexandrins, qui permettent de saisir toute la dimension tragique de cet opéra.
L.E. : Nous enregistrons effectivement un programme « Musiques de cinéma, B.O. baroques », en reprenant des œuvres de Vivaldi, Purcell, Bach, Haendel et Mozart, présentes dans des films mythiques. Participeront à cet enregistrement le claveciniste Justin Taylor, le mandoliniste Julien Martineau, le clarinettiste Pierre Génisson, le contre-ténor Carlo Vistoli et le pianiste David Fray. Ce dernier est également le soliste de l’autre projet discographique, que nous consacrons à Emilie Mayer – compositrice un peu plus tardive dans le mouvement romantique que Louise Farrenc, dont nous venons de boucler l’enregistrement intégral de la musique symphonique. Emilie Mayer étant très prolixe (elle a écrit huit symphonies, deux opéras, de nombreuses ouvertures…), il ne sera pas question dans ce cas de se lancer dans une intégrale ; mais ce premier album pour Warner comportera sa Symphonie n° 1, qui sera associée à son Concerto pour piano. Nous sommes très heureux de ce projet, car il y a encore énormément de choses à découvrir et à valoriser dans le patrimoine féminin ! Enfin, le spectacle Beethoven Wars aura lui aussi droit à sa bande originale, pour accompagner la tournée et les déclinaisons en réalité virtuelle du projet à venir !